Cela fait maintenant plus de deux ans que je suis revenu en France. De quoi aborder les choses avec un minimum de recul. Si les deux années durant lesquelles j’ai voyagé furent, de loin, les meilleures de ma vie, l’année du retour ne fut pas la plus agréable ! Effectuer le premier pas pour partir est déjà difficile, mais effectuer le dernier pas pour rentrer est encore plus dur. Le voyage a un effet boomerang qu'il faut gérer lorsqu’on rentre. Les principaux défis à relever sont avant tout professionnels et psychologiques. Avant mon départ, on m'avait dit : "Tu verras, partir c'est facile mais rentrer... ça c'est difficile !!!" Mais à l'époque, je ne prêtais pas trop attention à ce genre de remarques car j'étais déjà bien assez occupé à rêver et à préparer ce voyage. Je me disais "le retour, on verra bien le moment venu !"
Et effectivement, à retour en France je me suis "pris un sacré mur"... Je ne m’attendais vraiment pas à ce que ce soit la plus grande épreuve de tout mon tour du monde. Crise identitaire, émotionnelle et professionnelle, sentiment d’étouffer à Paris dans tout ce béton et toute cette foule de gens stressés… sans parler des difficultés de réadaptation climatique (en deux ans de tour du monde je n’avais jamais connu l’hiver, j’étais quasiment tout le temps au soleil et en t-shirt). Cette épreuve du retour m’a profondément marqué.
Mais je ne souhaite pas vivre dans ce passé - que le temps déforme peu à peu - pour me l’idéaliser sournoisement, et pour cela, je sais que ces « quelques » lignes sont indispensables pour faire le deuil de mon tour du monde.
Sommaire
1. Sur le plan personnel : le contrechoc culturel
1. Sur le plan personnel : le contrechoc culturel
Un voyage est-il réellement terminé lorsque l’avion atterrit sur le tarmac de sa terre natale ? Ou n’est-ce qu’une pause entre deux explorations ? Ou le voyage continue-t-il, sous une autre forme, plus intérieure, de digestion de toutes ces images, de toutes ces rencontres, de toutes ces aventures vécues… trop intenses pour avoir pu être avalées et digérées directement ?
Le difficile retour à une « vie normale »…


Après une expérience comme celle-ci, on a soi-même beaucoup changé, et ceux qui sont restés ne peuvent souvent pas comprendre les bouleversements qu'on a vécus. Du coup, il y a cette sensation de se sentir en décalage mais heureusement, après quelques mois ça passe (surtout si, comme moi, on reprend une activité professionnelle et/ou qu’on s’engage dans un nouveau projet de vie).
Les premiers temps, mon retour a été agréable grâce à la joie de revoir les miens, de regoûter la bonne vieille gastronomie française, de redormir dans le même lit plus de 3 nuits d'affilée et (d'essayer) de partager mes souvenirs et sensations de voyage avec mes proches. Puis, peu à peu j’ai repris ma tête de parisien, un peu grise, j’ai commencé à être moins intéressé et moins curieux de tout que quand j’étais sur la route. Une fois le pied posé au bureau, après avoir effectué le trajet domicile-travail, les courses dans le supermarché du coin, puis m’être replongé dans l'administratif, tout est redevenu presque normal.
Le calme après la tempête

Après deux ans à voyager, lorsque vient la fin et que le taux d’adrénaline retrouve son seuil habituel, le coup de barre est brutal. C'est dur de quitter cette vie d’aventure, pour retourner à une petite vie « métro-boulot-dodo ».
Pendant mon voyage dans des pays beaucoup moins riches que la France (Asie du sud-est, Inde, Amérique latine), j’étais une "star", écoutée, admirée (ah ! vous êtes Français ?!), enviée car venant d'un pays riche ; je me sentais bien, puissant, important ; et durant la première année de mon retour, vivre dans l'anonymat était difficile. Mais je suis persuadé qu’il n’y avait pas que ça : j’avais changé, tout simplement.
Le retour est un bouleversement total et une belle remise en question sur soi. Mais il parait que « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », alors probablement ce genre d'épreuve m’a fait grandir…
Le retour est une période où l’on se sent déstabilisé et fragile
Le retour chez moi a symbolisé une forme de retour "à une certaine réalité" qui n'était plus la mienne pendant deux années. Elle s’est accompagnée d'une certaine crise identitaire et d'une remise en question intime pendant laquelle j’ai souvent ressenti le besoin de me couper de cet environnement non désiré, afin d'en atténuer les effets négatifs.
La déprime post-retour naît de ce décalage intérieur puissant, de cette déchirure causée par une double appartenance, une double identité, presque une double vie. Le retour d’un long voyage est un deuil et il s'accompagne de toutes les émotions fortes qui accompagnent toute perte : sentiment de vide, de solitude, de manque, de nostalgie, de tristesse. On se sent déphasé et vulnérable.
Le mois du retour (août 2016), ça allait encore. Il y avait tellement à faire, tellement de gens à voir ou revoir. Mais après quelques bons repas en famille et la tournée des amis, l’excitation est passée et a laissé place à une bonne petite déprime, en particulier durant les 6 mois de la fameuse « grisaille parisienne » (octobre 2016 à mars 2017).
Souvent j’essayais de relativiser mon mal-être (en me disant que mes tourments n’étaient rien à côté de ce que vivent des personnes gravement malades, torturées, sans nourriture…) et je réalisais que c'était tout à fait normal que je ne me sente pas bien, pour les nombreuses raisons dont je parle dans cet article.
L’une des plus grandes difficultés du tourdumondiste qui revient dans son pays est l’isolement. Déjà déconcerté par le retour dans un environnement différent de son quotidien depuis plusieurs années, il doit affronter le fait qu’il s’agit de son propre pays (réaliser qu’on ne se sent pas “chez soi” dans son propre pays peut être un traumatisme difficile à surmonter). Il faut aussi gérer le stress lié à la difficulté de se réinsérer professionnellement et lutter contre l’envie irrépressible de repartir sur le champ pour retrouver ce qu’on estime être sa “vraie vie” que l’on sait ailleurs. D’où l’importance d’enchainer sur d’autres projets au retour, quelque chose de précis qui nous motive et qui vous permet de passer à l’action tout de suite. Ce n’est pas le genre de période où il est bon de tergiverser.


Le mois du retour (août 2016), ça allait encore. Il y avait tellement à faire, tellement de gens à voir ou revoir. Mais après quelques bons repas en famille et la tournée des amis, l’excitation est passée et a laissé place à une bonne petite déprime, en particulier durant les 6 mois de la fameuse « grisaille parisienne » (octobre 2016 à mars 2017).
Souvent j’essayais de relativiser mon mal-être (en me disant que mes tourments n’étaient rien à côté de ce que vivent des personnes gravement malades, torturées, sans nourriture…) et je réalisais que c'était tout à fait normal que je ne me sente pas bien, pour les nombreuses raisons dont je parle dans cet article.
L’une des plus grandes difficultés du tourdumondiste qui revient dans son pays est l’isolement. Déjà déconcerté par le retour dans un environnement différent de son quotidien depuis plusieurs années, il doit affronter le fait qu’il s’agit de son propre pays (réaliser qu’on ne se sent pas “chez soi” dans son propre pays peut être un traumatisme difficile à surmonter). Il faut aussi gérer le stress lié à la difficulté de se réinsérer professionnellement et lutter contre l’envie irrépressible de repartir sur le champ pour retrouver ce qu’on estime être sa “vraie vie” que l’on sait ailleurs. D’où l’importance d’enchainer sur d’autres projets au retour, quelque chose de précis qui nous motive et qui vous permet de passer à l’action tout de suite. Ce n’est pas le genre de période où il est bon de tergiverser.
Le blues du retour en France

Par curiosité, j’ai décidé de chercher sur internet des témoignages d’expériences similaires, et j’en ai trouvé plein : des retours difficiles de tours du monde, d’expatriation ou même d’études à l’étranger (Erasmus). Du coup, j’ai été soulagé de voir que beaucoup de personnes ressentaient la même chose que moi. Me sentir entouré, même virtuellement, a été une petite lumière d’espoir qui m’a aidé à relativiser ma déprime.
Le blues du retour est proportionnel à la durée du voyage. Il n'y a pas trente-six remèdes pour en sortir : il faut soit repartir voyager, soit se trouver un projet solide en France ou à l’étranger.
Je n’ai plus les mêmes envies dans la vie


La perspective de passer certains week-ends seul ne m’angoisse plus, maintenant je prends cela comme un cadeau, une parenthèse de liberté, je me dis « chic, enfin du temps pour lire ce bouquin que je ne trouvais jamais le temps de lire, pour regarder ces DVD que je stocke depuis des années, pour peaufiner mon blog de tour du monde, pour discuter à distance avec mes amis d’Amérique latine ! ». 😃
Un sentiment de décalage avec mes proches…

Donc quand on rentre d’un tel périple, il me semble que c’est mieux de faire profil bas, de ne pas trop parler de ce qu'on a vécu à l'étranger (ce ne serait pas compris de toute façon, et on passerait pour un frimeur), il faut observer, essayer de comprendre les gens qu'on a autour de soi, car on a oublié leur mode de fonctionnement. Après un tour du monde, on est certes devenu un « citoyen du monde » (oui ça fait un peu cliché, mais c’est une réalité), mais toujours un peu apatride. C'est une expérience définitive. On n’a plus vraiment de maison sur Terre. On devient un individu peu assimilable aux autres. Et ça fait un peu peur, à soi et aux autres. 😔
J'ajoute que les difficultés du retour (le décalage, la différence, le sentiment de ne plus être totalement d'ici...) sont aussi vécues par les enfants de tourdumondistes ou d’expatriés (de plus en plus de familles font des tours du monde ou s’expatrient ensemble) ; Parfois plus violemment que pour les adultes car dans les établissements scolaires la différence est très mal acceptée.
Aujourd’hui, deux ans après mon retour je me sens encore en décalage. Mais une telle expérience permet également de développer de formidables capacités d'adaptation et de résilience pour faire face aux aléas de la vie, et c'est une vraie richesse. Donc au final, on devient « fort et fragile à la fois »…
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"Qui voyage au loin verra plus d'une fois des choses très éloignées de ce qu'il tenait pour vérité. S'il les raconte ensuite dans ses prairies natales, on se moquera de lui, le traitant de menteur, car la foule bornée refusera de croire ce qu'elle n'aura pas vu de ses propres yeux. " Le Voyage en Orient de Hermann Hesse - Hermann Hesse.
En rentrant de ce long séjour à l’étranger, j’ai senti une distance se creuser avec certains de mes amis. C'est comme une frontière invisible s’était créée entre nous. Il n’est pas simple de renouer les amitiés relâchées par la distance. Ni amis, ni ennemis, on a l’impression de ne plus être sur la même longueur d’onde. La solution : quelques ajustements, de nouvelles rencontres ici, et ces amis d’ailleurs avec qui on garde le contact et qui savent si bien nous comprendre. D’ailleurs je crois que ce qui me manque le plus, ce sont les moments passés avec les habitants qui m’ont si souvent hébergé gratuitement. Je suis parti seul mais, au final, je ne l’étais jamais.
La grande claque du retour
Vous avez encore des souvenirs plein la tête, mais vous êtes seul à les avoir vécus. Les autres vous envient mais ne comprennent pas réellement vos émotions. Si le concept de « tour du monde » fait rêver, il reste abstrait pour qui n’y a pas goûté. Bref, vous serez seul face à vos souvenirs et vous vous rendrez vite compte que le décalage rend tout partage impossible. D’ailleurs je préviens les futurs « tourdumondistes » qui liront cet article : vos collègues de travail et vos amis s’intéresseront à votre tour du monde le jour de votre retour et ce sera à peu près tout. Le quotidien reprendra immédiatement le dessus. 😔
On a envie de parler de ce qu’on a vécu, mais les gens ne sont pas toujours aussi réceptifs qu’on le voudrait. C’est si difficile d’expliquer ce que l’on a vécu à des non voyageurs ! Ce n’est pas forcément leur faute, ils n’arrivent juste pas à se mettre à notre place.
Ce qui m’a pas mal déstabilisé, c’est qu’à part quelques amis voyageurs, avec les autres, mon récit passait mal. Revenaient les sempiternelles questions « c’est où l’endroit le plus dangereux où t’es allé ? » et d’autres du même acabit !!! Consternant... Plein de gens veulent des trucs qui font peur comme ce qu’on leur sert au 20h, ils veulent du croustillant ! Ils veulent absolument que je leur dise que ça a été super dur, que je suis passé à deux doigts de la mort, que mon chez moi m’a manqué… Sans oublier la question "Mais, dis-moi, pourquoi es-tu parti ? Qu'est-ce qui te manquait ici ? - Euh, ... rien. Euh... je veux dire... tout !"
Un voyage, cela ne peut se résumer à la somme des bus empruntés, de sols de pays foulés, d’espaces aériens traversés, de spécialités gastronomiques ingurgitées, de langues parlées… Un pays, cela se vit, cela se ressent.
Du coup, je ressens parfois une frustration et même un certain isolement, comme si j'avais expérimenté quelque chose d’unique qui n’est tout simplement pas racontable.
D’ailleurs en écrivant cela, je me demande si ça ne serait pas l’une des raisons qui pousse certains voyageurs à bloguer. Car quand on écrit ses histoires sur un blog, seuls ceux qui s’intéressent à ces histoires passent les lire…
Et puis, autant il m’est facile de me livrer sur mon blog, autant les mots butent maladroitement pour sortir de ma bouche et parviennent rarement à s’organiser en une argumentation cohérente. Souvent, je ne trouve pas de mots à mettre sur mes ressentis. Difficile donc, après le retour, de parler de son voyage. 😐

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Au retour d’un voyage au long cours, on perçoit le caractère totalement arbitraire de l’appartenance par le sol, ou même par le sang. On réalise qu’un parfait inconnu en Inde ou en Amérique latine peut devenir sa famille en quelques jours.
Au retour, on ne peut plus jamais penser “petit”, immobile, uniforme à nouveau. On devient plus créatif, plus inventif, plus spontané, plus connecté avec soi-même qu’auparavant. On se sent « dans la merde » si on essaye de faire demi-tour, car c’est impossible : on est devenu trop grand pour remettre nos habits d’origine.

On est devenu une sorte de patchwork multiculturel. Le retour ressemble presque à une expatriation dans son propre pays d’origine (d’ailleurs le terme « impatriation » désigne un retour qui se fait vers le pays d’origine). Bien que supposé familier, notre pays n’est plus tout-à-fait le même. Et la personne qui rentre non plus d’ailleurs. Après une période de vie à l’étranger, on devient une sorte d’hybride culturel, fruit du métissage de plusieurs expériences. On n’est plus celui qu’on était avant le départ et on ne sait pas vraiment ce qu’on est devenu.
Il faut souligner l'importance de la dimension psychologique du retour en France : la gestion du choc culturel mais aussi la délicate reconnaissance des identités multiculturelles en France. Il y a une difficulté à exister dans un modèle français qui est très « uniculturel » par nature, très conventionnel et très hiérarchique, rigide et crispé autour de ses valeurs. 😕 En France (mais dans beaucoup d’autres pays aussi, comme le Japon par exemple), on aime les loyautés culturelles bien nettes, bien définies : « soit tu es avec nous, soit tu es contre nous ; soit tu es d’ici, soit tu es de là-bas. Choisis ! » On n’aime pas beaucoup les entre-deux, ceux qui font le grand écart entre les cultures. Or, ma nouvelle communauté est justement celle des entre-deux, des nomades, des multiples (les tourdumondistes, les expatriés, les immigrés, les émigrés, les migrants). Ceux qui, comme moi, reviennent d’ailleurs ne sont pas toujours bien reçus. Ce sont des immigrés invisibles, mais des immigrés quand même.
Aujourd’hui, je veux continuer à vivre dans l’interculturel. Durant mon périple, j’ai rencontré des gens merveilleux (notamment en Amérique latine et au Québec), je me suis fait de très bons camarades de voyage et j’ai découvert des cultures surprenantes et enrichissantes (notamment en Inde et en Chine). Ces découvertes me font reconsidérer mon futur. Je n’imagine pas ma vie future sans être au contact avec d’autres cultures, même si aujourd’hui j’en paie un peu le prix. 😔

Souvent, ce qui me paraissait normal avant me paraît absurde maintenant. Je vois des failles et des incohérences que je ne voyais pas auparavant. Je reviens comme doté d’un sixième sens. Je vois mieux, j’entends mieux, ou autrement, ou autre chose, et donc je suis souvent décalé. Je suis devenu un « profil atypique » comme disent les recruteurs. 😉 Il faut redoubler d’efforts pour ne pas trop le montrer, mais l’assumer quand même, pour son équilibre intérieur. Pour ne pas s’abîmer. Pour se respecter. 😐
Mon regard sur mon pays a changé suite à ce voyage

Faire un tour du monde, ce n'est pas anodin. En fait je pense que ce genre d’expérience change complètement notre système de référence. Et de retour en France, passé le moment euphorique des retrouvailles, patatrac ! On retrouve une société étriquée, crispée et conformiste et des gens avec qui souvent il n'est pas possible de partager ce que l'on a vécu... Se sentir étranger à l’étranger est naturel, mais se sentir étranger chez soi l’est moins ! 😞
Ma vie à Paris ne me convient plus


L'état d'esprit zen et détendu que j'avais durant le voyage, je n'ai malheureusement pas réussi à le garder à mon retour. L’agressivité et le stress parisiens m’ont vite replacé sur la défensive, sans parler de l’individualisme qui règne dans cette ville (le règne du « moi je » et du « moi d’abord, toi après »)... Bref, cette ville m’agresse. 😩
Ce qui m'ennuie aussi à Paris, c'est le fait de vivre dans un endroit que je connais par coeur depuis des années. Enfin, mon besoin de loisirs urbains (cinéma, expos, restos, concerts, soirées dansantes…) a beaucoup diminué depuis mon retour, mes envies de loisirs sont maintenant très connectées à la nature. Alors certes on n’est pas obligé de partir au bout du monde pour changer d'environnement me direz-vous (la Bretagne ferait bien l'affaire), mais cela reste la France, alors quitte à partir autant partir pour découvrir des choses 100% nouvelles... 😎
La société de consommation m’attriste et m’ennuie


Tout ce confort et ces biens matériels n’ont aujourd’hui aucun sens à mes yeux, si ce n’est celui de combler un vide des relations humaines qui manquent cruellement à nos pays « riches » occidentaux. 😐 Au retour, j’ai retrouvé le confort de mon chez-moi, mais je l’ai troqué contre un échange humain qui n’avait pas de prix. 😢
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"J'achète donc je suis"... Lamentable... |
De même, l’omniprésence de la publicité dans nos villes m’oppresse, le réflexe que la plupart des gens ont de se mettre devant la télé à la fin de la journée m’agace et les médias anxiogènes me donnent envie de ne plus jamais regarder un journal télévisé. 😕
Enfin, je constate que les enfants pauvres que je croisais sur les routes du monde avaient très souvent des visages bien plus heureux et épanouis que les enfants des pays "riches", malgré des jouets simples. Ils jouaient ensemble et dehors, et non pas - comme chez nous - seuls dans leur chambre avec leurs smartphones ou consoles de jeux vidéos, et leurs parents leur laissaient une grande liberté. A méditer...
Au retour, on a donc le choix entre accepter les règles d’une société formatée, aseptisée et basée sur la consommation, ou bien tenter de changer de vie : tout un programme… 😐
2. Le choc culturel inversé
Qu’est-ce que le choc culturel inversé ?![]() Le choc culturel inversé (ou « re-entry shock ») est plus déconcertant que le choc culturel à l’arrivée dans un nouveau pays car il s’agit du retour dans son propre pays. Une personne rentrant dans son pays d’origine devra s’ajuster, redonner du sens à sa vie, s’adapter à son nouvel environnement. Finalement, le retour c’est un peu comme une expatriation : on doit redécouvrir son univers d’ici avec ses yeux d’ailleurs. 👀 Le choc culturel inversé c’est simplement le choc de retrouver lors du retour des situations ou des endroits qui devraient être familiers mais qui ne le sont pas (ou plus), de parler à des personnes qui devraient être proches mais qui ne le sont pas (ou plus)… Des incompréhensions violentes peuvent surgir face aux manières d’agir, d’être ou de penser. 😟 Les symptômes du choc culturel peuvent varier en intensité, en durée et en ordre d’apparition, ils vont de la simple fatigue à la dépression, aux attaques de panique, à l’hypersensibilité, etc. Comment s’est passé le choc culturel inversé pour moi Comme beaucoup d’ex tourdumondistes (et d’ex expatriés), j’ai vécu difficilement la reprise de contact avec la France, tant sur un plan professionnel que personnel. 😞 Dans mon voyage autour du monde, tout s’est enchaîné magnifiquement, je réussissais tout ce que j’entreprenais, partout les habitants m’accueillaient avec un grand enthousiasme, à tel point que j’avais parfois la sensation de « marcher sur l’eau »… Alors forcément, après tout ça, le retour n’a pas été simple. 😫 Mon choc culturel inversé professionnel ![]() Passer des entretiens. Être agacé devant certaines questions du genre "Vous avez beaucoup bougé... N'allez-vous pas vous ennuyer à un poste sédentaire comme celui que nous proposons ?". Sentir la nécessité de rentrer dans des cases. Se sentir à l’étroit dans un costume-cravate. Découvrir que j’ai oublié beaucoup de choses. Stresser. Perdre confiance. 😔 Reprendre un travail sédentaire dans une ville bétonnée au milieu d’une foule de gens stressés était un vrai challenge après ce formidable break que constitue un tour du monde de 2 ans. Heureusement que ce long voyage m’avait forgé un moral en béton… 💪 et heureusement que j’ai fini par trouver un poste en lien avec l’international, ce qui correspondait vraiment à mes attentes et qui m’évitait donc de trop me sentir « à l’étroit » dans ce travail administratif au sein d’une administration. 😃 Comment réduire l’impact du choc culturel inversé ? ![]() Repartir aussitôt est une fausse bonne idée. J’ai eu parfois l’envie de repartir aussitôt mais je savais que ça ne serait pas la bonne solution car cette fois cela aurait été un voyage de fuite de la société et de ses contraintes. J’ai donc décidé de rester au moins quelques années en essayant de mettre à profit ce que j’ai pu apprendre de mon voyage. 😐 Laisser du temps au temps… pour laisser passer l’orage… J'avoue que les 4 premiers mois du retour ont été assez terribles. Mais la vie est ainsi faite que l'être humain s'habitue à tout, et au bout d'un moment, la "vie normale" m'a rattrapé et peu à peu le blues post tour du monde a laissé place à un sentiment plus positif. Progressivement j’ai repris mes marques, des habitudes et une routine se sont remises en place. J’ai retrouvé un réseau de proches notamment auprès de grands voyageurs. Je me suis lancé dans de nouveaux projets de vie (notamment une possible expatriation). 😃 Trouver de nouvelles raisons d’avancer n’est pas forcément évident, mais c’est le plus efficace. La solution passe aussi par beaucoup de patience (le temps adoucit beaucoup de choses), et avoir un maximum d’activités positives et agréables. Et si on retrouve un boulot au retour (et qui en prime nous plait), ça aide beaucoup. 😐 Combien de temps dure le choc culturel inversé ? ![]() |
3. Sur le plan professionnel : la recherche d’emploi et le retour à l’emploi
Une délicate réinsertion professionnelle

Au retour, j’ai connu la galère pour retrouver un poste intéressant au sein de mon administration (je suis fonctionnaire), car je sentais une certaine frilosité chez les recruteurs à embaucher un ex « grand voyageur ». 😕
Depuis janvier 2017, ça va mieux : j’ai d’abord trouvé un poste provisoire mais qui m’a permis de remettre le pied à l’étrier après 2 années sans travailler, avant de trouver en juillet 2017 un joli poste dans le service international de mon administration, chouette moyen de rester dans un environnement multiculturel, bref un vrai bol d’oxygène ! 😃
Mais maintenant que je suis de nouveau sédentarisé à Paris devant un ordinateur, je souffre. Et puis, c’est triste de constater que certains anciens collègues de travail qui s’ennuyaient dans leur boulot il y a 2, 5 ou 10 ans sont toujours au même poste et s’ennuient toujours autant… Je sens chez eux un sentiment de sclérose, dont ils peuvent avoir confusément conscience et qui peut les rendre jaloux envers ceux qui comme moi ont "osé" s’écarter des sentiers battus... Terrible constat. 😔
Le retour au "métro-boulot-dodo" est-il possible après un tour du monde ?

Les amis et la famille (surtout les non voyageurs) pensent qu’on n’a qu’à rechausser nos vieilles pantoufles. Et hop, la vie reprendra comme avant. Elle n’est pas belle, la baguette magique ? 😂 Mais on ne peut pas leur en vouloir. Même moi, j’avais imaginé, ou espéré (naïvement ?), que le retour serait simple… 😔
Comment réussir son retour professionnellement

J’ai pu vérifier que faire jouer ses réseaux est très important pour retrouver un poste (se faire recommander oralement ou par écrit par quelqu'un). 👍
Pour préparer ma réintégration professionnelle, j'avais dû me connecter depuis l’Amérique du sud pour accéder aux fiches de poste, solliciter des entretiens en visioconférence par Skype (le fait de ne pas pouvoir être présent physiquement pour les entretiens a été très clairement un handicap). J’ai essuyé de nombreux refus, ça m’a miné le moral alors que je ne pensais qu'à profiter de la fin de mon voyage tout en consacrant du temps à ma recherche de poste, ce fut vraiment une période pénible et annonciatrice des difficultés à venir. 😔
Mon conseil : préparer son retour... avant son départ. Notamment, bien penser à partir avec son CV mis à jour sur une clé USB...
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Je pense malgré tout que les profils atypiques peuvent plaire (en tout cas aux "vrais" managers, courageux et souhaitant s’entourer de partenaires plutôt que de sous-fifres), mais ce qui fait peur, et notamment en cette époque de grands bouleversements et d’incertitudes, ce sont les gens indépendants, autonomes et qui du coup ne sont pas dupes et ne vont pas se laisser raconter n'importe quoi... 💪
Les recruteurs ne voient pas tous ce break d’un bon œil. Cela reste un frein pour un certain nombre d’entre eux qui pensent que les candidats se sont juste baladés pendant un an (ou deux ans dans mon cas). Ils s’interrogent sur leur réelle envie de travailler et leur capacité à s’investir. Il faut comprendre que l'employeur au moment du recrutement est très angoissé : une erreur peut coûter des dizaines de milliers d'euros à la boîte et éventuellement ses primes au responsable du recrutement. Donc le candidat doit rassurer ce grand anxieux et le convaincre à la fois de son haut potentiel mais aussi que les suiveurs, les dociles, les "sans histoire" ne font pas forcément les meilleurs salariés. En effet, personne ne peut nier qu’il faut une certaine dose d’énergie, de bravoure et d’audace pour réaliser un tour du monde. Il faut aussi être « proactif ». Valeurs toutes bien utiles dans le monde du travail. 😐
Mais si vous êtes convaincus qu’un tour du monde est une expérience enrichissante, vos interlocuteurs le seront aussi. Il faudra aider les sceptiques à s’en apercevoir en mettant en évidence ce que cette aventure vous a apporté sur les plans humain et organisationnel et en quoi ces nouveaux atouts vous permettent d’être plus performant professionnellement. La recherche de financement ou de sponsor, la gestion de projet, la réalisation d’un blog ou d’un livre, la gestion de budgets prévisionnels, la maîtrise des langues, la capacité à se sortir d’épreuves jugées insurmontables, l’autonomie, la résistance nerveuse et physique, la capacité d’adaptation, la flexibilité, l’ouverture d’esprit, sont autant de compétences appréciées par les employeurs. 👍
Un congé sabbatique, ce n’est donc pas un trou dans un CV mais une expérience enrichissante à valoriser.
4. Pour terminer
Avec du recul, et après en avoir discuté avec d’autres voyageurs ou lu leurs récits, je constate que les voyages au long cours comportent certaines caractéristiques communes :
- choc et blues du retour
- difficulté à reprendre la routine du travail et à être confronté aux responsabilités
- difficulté à demeurer à l’intérieur alors qu’on était toujours dehors
- difficulté pour le corps de s’adapter au changement de rythme et à se réhabituer au froid
- difficulté à répondre à la question « Et maintenant, je fais quoi ? »
Il ne faut pas s’attendre à être accueilli en héros quand on rentre au pays, au contraire. Vous êtes parti par vous-même, vous reviendrez par vous-même. Autant dire que sans de solides économies, une promesse d’embauche en France et le soutien de la famille au retour, c’est peut-être une mauvaise idée de rentrer. C’est d’ailleurs pour cette raison que de moins en moins le font.
Réussir son tour du monde ce n'est pas réussir son voyage à l'étranger (ça, tout le monde y arrive) mais être capable de redevenir un anonyme en France, et savoir rebondir personnellement et professionnellement. 😐
Cette période de fragilité est une belle occasion pour se retrouver face à soi-même, se redéfinir et faire naître de nouveaux projets. On peut aussi en profiter pour redécouvrir notre beau pays avec nos nouveaux yeux (moi par exemple j’ai redécouvert avec émerveillement la Bretagne : je suis fan !😎). Les gens intéressants et les expériences enrichissantes existent aussi chez nous. Quand on revient, il faut faire comme si la France était un pays étranger dans lequel on s'expatriait. Et qu'on quittera peut-être à nouveau un jour. Avec cet état d'esprit, on relativise assez bien les problèmes du retour.
Pour aller plus loin
Les recruteurs ne voient pas tous ce break d’un bon œil. Cela reste un frein pour un certain nombre d’entre eux qui pensent que les candidats se sont juste baladés pendant un an (ou deux ans dans mon cas). Ils s’interrogent sur leur réelle envie de travailler et leur capacité à s’investir. Il faut comprendre que l'employeur au moment du recrutement est très angoissé : une erreur peut coûter des dizaines de milliers d'euros à la boîte et éventuellement ses primes au responsable du recrutement. Donc le candidat doit rassurer ce grand anxieux et le convaincre à la fois de son haut potentiel mais aussi que les suiveurs, les dociles, les "sans histoire" ne font pas forcément les meilleurs salariés. En effet, personne ne peut nier qu’il faut une certaine dose d’énergie, de bravoure et d’audace pour réaliser un tour du monde. Il faut aussi être « proactif ». Valeurs toutes bien utiles dans le monde du travail. 😐
Mais si vous êtes convaincus qu’un tour du monde est une expérience enrichissante, vos interlocuteurs le seront aussi. Il faudra aider les sceptiques à s’en apercevoir en mettant en évidence ce que cette aventure vous a apporté sur les plans humain et organisationnel et en quoi ces nouveaux atouts vous permettent d’être plus performant professionnellement. La recherche de financement ou de sponsor, la gestion de projet, la réalisation d’un blog ou d’un livre, la gestion de budgets prévisionnels, la maîtrise des langues, la capacité à se sortir d’épreuves jugées insurmontables, l’autonomie, la résistance nerveuse et physique, la capacité d’adaptation, la flexibilité, l’ouverture d’esprit, sont autant de compétences appréciées par les employeurs. 👍
Un congé sabbatique, ce n’est donc pas un trou dans un CV mais une expérience enrichissante à valoriser.
4. Pour terminer

- choc et blues du retour
- difficulté à reprendre la routine du travail et à être confronté aux responsabilités
- difficulté à demeurer à l’intérieur alors qu’on était toujours dehors
- difficulté pour le corps de s’adapter au changement de rythme et à se réhabituer au froid
- difficulté à répondre à la question « Et maintenant, je fais quoi ? »
Il ne faut pas s’attendre à être accueilli en héros quand on rentre au pays, au contraire. Vous êtes parti par vous-même, vous reviendrez par vous-même. Autant dire que sans de solides économies, une promesse d’embauche en France et le soutien de la famille au retour, c’est peut-être une mauvaise idée de rentrer. C’est d’ailleurs pour cette raison que de moins en moins le font.
Réussir son tour du monde ce n'est pas réussir son voyage à l'étranger (ça, tout le monde y arrive) mais être capable de redevenir un anonyme en France, et savoir rebondir personnellement et professionnellement. 😐
Cette période de fragilité est une belle occasion pour se retrouver face à soi-même, se redéfinir et faire naître de nouveaux projets. On peut aussi en profiter pour redécouvrir notre beau pays avec nos nouveaux yeux (moi par exemple j’ai redécouvert avec émerveillement la Bretagne : je suis fan !😎). Les gens intéressants et les expériences enrichissantes existent aussi chez nous. Quand on revient, il faut faire comme si la France était un pays étranger dans lequel on s'expatriait. Et qu'on quittera peut-être à nouveau un jour. Avec cet état d'esprit, on relativise assez bien les problèmes du retour.
Si vous souhaitez approfondir ce sujet, je vous recommande la lecture de ces 2 excellents articles :
Séjour à l’étranger : le choc du retour
Tour du monde : préparer son retour
Salut Fred;
RépondreSupprimerC'est vrai qu'on parle tout le temps de ce tour du monde et de toute sa préparation mais le plus dur reste bel et bien le retour.
Ca me rappelle le livre de Mike Horn qui fait le tour du monde par l'équateur en solo et sans moteur. Que de difficultés mais au final le plus dur pour lui ce sont ces derniers metres avant l'arrivée. Que faire maintenant??!
En tout cas super article! J'espère que tu continueras d'alimenter ton blog avec d'autres sujets tout aussi intéressants.
Chris
Formidable ! J'ai pris le temps de lire cet article ! C'est quand même une souffrance ce retour face à ce quotidien mais à priori tu as trouvé un bon poste dans les relations internationales, toujours difficile une réintégration après une dispo !! Les recruteurs sont infâmes parfois pour avoir vécu cela quand je suis rentrée dans cette grosse machine moi qui suit née à l'étranger et entendre "surtout ne dites jamais d'où vous venez " c'est ça la France, je te souhaite pleins de merveilleux voyages encore et encore, un bon moral ... Tu peux m'appeler si tu le souhaites, je suis à la retraite et je savoure !! Monique (Théâtre)
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